A l'origine, la maison traditionnelle japonaise n'est pas faite pour être confortable mais pour être en harmonie avec la nature et pour vivre au plus près d'elle. C'est la raison pour laquelle ce type de maison est en bois et non en pierre alors que l'archipel est pleine de pierres de toutes sortes. La paille de riz (tatami) est utilisée pour le sol. L'origine de ce type d'habitat remonte au VIIème siècle, époque où le Japon importe de Chine, via la Corée, un modèle de construction qui servira de base à toute l'architecture japonaise. Il s'agit d'un bâtiment principal (moya) entouré d'une gallerie couverte (hisashi), qui est en quelque sorte l'extention. Cette possibilité de moduler l'espace grâce aux panneaux coulissants, dont on ne trouve pas d'équivalent dans l'architecture occidentale, est due au fait que dès le départ les batisseurs japonais ont conçu la maison comme un espace communautaire et non comme une succession de pièces individuelles.
Le terme japonais qui signifie "maison" est uchi et désigne non seulement le lieu où on dort mais aussi la famille. A l'entrée (genkan) on doit se déchausser avant de pénétrer dans la maison. Mais c'est bien le seul endroit de cet habitat où tout le monde est à égalité, car sitôt que l'on arrive dans la pièce de réception (zashiki), la position sociale impose sa place à chacun. Parmi les invités, la personne la plus importante s'assoit face au tokonoma, une alcôve où, sur fond de tableau ou de calligraphie, on a disposé un bouquet de fleurs. Les autres invités prendront place autour de la table (unique meuble de la pièce), selon un ordre hiérarchique très précis.
Le propriétaire d'une maison japonaise ne cherche jamais à faire dans l'ostentatoir ou le superflu. Ce qui au Japon fait la qualité d'un espace à vivre n'est pas le luxe ni le confort, ni même la luminosité des pièces, mais une notion difficilement traduisible : le shibui. Ce terme possède plusieurs significations dont celles de tranquille et de beau sans être pour autant inerte, d'original mais aussi de familier, de sobre tout en étant intéressant…En réalité l'espace traditionnel japonais est d'une telle sobriété qu'il confine à l'intemporel, au quasi-abstrait. Il n'y a ainsi pas de chambre à coucher, celle-ci étant entièrement escamotable grâce à de profonds placards (oshiire) où l'on range les futons, sorte de matelas assez fins pour être repliés. Cet astucieux système permet d'affecter la pièce à d'autres usages durant la journée. La cuisine (dairoko) est en revanche uniquement destinée à la préparation des repas, mais elle est rarement accessible aux invités. La maison traditionnelle japonaise en bois a été construite jusque dans les années 50.