Jean Goujon, né vers 1510, probablement en Normandie, et mort probablement à Bologne, vers 1566, est unsculpteur et architecte français.
Surnommé le « Phidias français » ou « le Corrège de la sculpture », Jean Goujon est une des figures majeures de la Renaissance française.
Biographie
Le début de sa vie est peu connu, il se peut qu’il ait voyagé en Italie. Ses premières œuvres connues datent de 1541 lorsqu’il réalise les bas-reliefs du château d'Écouen pour la famille de Montmorency, les portes de Saint-Maclou et le tombeau de Louis de Brézé à Rouen.
Arrivé à Paris vers 1542, il participe avec cinq autres sculpteurs à la réalisation des œuvres de l’architecte Pierre Lescot selon les dessins et modèles qui leur sont fournis. Dans les actes notariés, il est dit "imagier - façonnier" (jubé de Saint Germain l'Auxerrois) puis pour le Louvre « maître sculpteur1 ».
Ses œuvres les plus connues exécutées selon « les dessins de Pierre Lescot seigneur de Clagny2 » sont :
- Les bas reliefs du jubé de Saint Germain l'Auxerrois de 1544 à Noël 1545 (détruit en 1750),
- Les nymphes de la fontaine des Innocents 1547 à 1549,
- Les Cariatides (1550-1) de la plateforme des musiciens au Louvre dans la salle homonyme,
- les Allégories sur la façade du Louvre (1549-55) dans la Cour Carrée,
- Les quatre Saisons réalisées (1548 à 1550) pour l’hôtel de Jacques de Ligneris, cousin de Pierre Lescot3, devenu aujourd’hui le Musée Carnavalet à Paris,
- Les représentations de la Marne et de la Seine sur la porte Saint-Antoine (détruite en 1778).
On lui attribue généralement les gravures de la version française du Songe de Poliphile de Francesco Colonna (1546), d’après les gravures de l’édition originale (peut-être dues au studio d’Andrea Mantegna).
On lui devrait également des gravures pour la traduction de Vitruve par Jean Martin en 1547. Il aurait fabriqué aussi des médailles précieuses pour Catherine de Médicis.
Son atelier est responsable de Diane appuyée sur un cerf (~1549) réalisé pour Diane de Poitiers au château d'Anet.
Les figures de Goujon sont ovales, sensuelles et fluides. Ses drapés révèlent une connaissance de la sculpture grecque. Répandues dans l’ensemble de la France par des gravures réalisées par des artistes de l’école de Fontainebleau, la pureté et la grâce de son modèle ont influencé les arts décoratifs. Sa réputation connaît, à la fin du xvie siècle, une légère éclipse au profit de tendances plus maniérées, avant de grandir à nouveau à l'époque du baroque et du classicisme français.
On ignore la date précise du décès de Goujon. De religion protestante, son emploi à la cour de France et même sa présence à Paris devinrent difficile alors que les tensions religieuses augmentaient. Pierre Lescot réussit une première fois à lui éviter l'exil mais devant l'acharnement de certains seigneurs catholiques de la Cour il dut s'incliner à le voir partir.[réf. nécessaire] Une légende tenace veut qu'il ait été assassiné lors de la Saint-Barthélemy. Si telle avait été la vérité, il aurait toutefois été cité, a posteriori, comme faisant partie des martyres célèbres du drame, ce qui ne fut pas le cas. Cependant, l'histoire de sa mort tragique fut reprise dans de nombreux ouvrages de critique d'art et de vulgarisation au xviiie siècle et au xixe siècle4. Des recherches plus récentes ont trouvé sa trace dans le milieu des réfugiés huguenots de Bologne en 1562. Il serait mort en Italie entre cette date et 15695.